mercredi 25 juillet 2012

L'Apocalypse pour les nuls - le récit

Cet article résume le récit de l'apocalypse. Pour en savoir plus, lire l'article précédent.


Les lettres aux Églises d'Asie (Chapitres 1 à 3)1

Le livre commence par une série de messages adressés à sept églises, pour leur expliquer là où elles font erreur et ce qu'elles doivent faire pour redresser la barre. Malheureusement, il manque une dimension prophétique à ces messages, le monde aurait peut-être été différent si on avait prévenu les chrétiens dès le 1er siècle qu'il était mal de brûler les hérétiques, violer les enfants et médire sur le jeu de rôle2.


Les sept sceaux (Chapitres 4 à 8.5)

Ensuite, l'auteur est transporté au ciel, où il a des visions de l'avenir. Il y a là un trône, autour duquel se trouvent vingt-quatre autres trônes sur lesquels sont assis des anciens vêtus de blanc, ainsi que quatre êtres pourvus de six ailes et ayant des yeux partout, mais ressemblant néanmoins à un lion, un taureau, un homme et un aigle3.

La personne sur le trône central tient un rouleau et un ange demande qui est digne de briser les sceaux et ouvrir le livre. Bien entendu, personne ne peut le faire, sauf un, qui est présenté comme un Agneau sacrifié, au centre du trône, muni de sept cornes et sept yeux. Dès qu'il prend le livre, tout le monde se met à chanter les louanges de l'Agneau. Les paroles du chant comme la présentation ne laissent guère de doute à quiconque se serait farci les 2126 pages précédentes : l'Agneau est une représentation symbolique du Christ4. Il n'est jamais nommé dans le texte, mais tout le monde aura compris.

Nous avons Jésus, les évangélistes et pas mal de témoins, et ce parchemin scellé. Que se passe-t-il ensuite ? Eh bien l'Agneau brise les sceaux un à un, déclenchant à chaque fois l'évènement correspondant. Les quatre premiers sceaux font chacun apparaître un cavalier5. Le cinquième réveille les âmes des croyants persécutés, mais on leur demande d'attendre un peu que leurs semblables encore sur terre soient mis à mort pour que leurs persécuteurs soient jugés et punis. Le sixième sceau entraîne une série de catastrophes : tremblement de terre, soleil qui devient noir, lune qui devient rouge, les étoiles qui tombent du ciel, les montagnes et les îles arrachées. Se rendant compte que cette fois Dieu est vraiment énervé, les rois, les riches, les chefs militaires, et en fait tous les hommes se cachent dans les cavernes.

Tous ? Non, en fait, car un ange demande aux autres de ne plus faire de mal tant qu'il n'aurait pas marqué au front les serviteurs de Dieu, soit 144 000 personnes, 12 000 par tribu d'Israël6. Et au ciel, une foule immense se fait voir, cette fois sans distinction d'ascendance ou de culture. Ils s'agit de ceux qui sont morts persécutés, qui n'auront plus jamais faim ou soif, ni de coup de soleil. Bref, le bonheur, et si cela ne suffisait pas, c'est Dieu Lui-même qui essuierait toute larme de leurs yeux. Comme on peut le voir, l'Apocalypse est avant tout un message d'espoir pour les chrétiens. S'ils persévèrent, ils seront récompensés, et comme on le verra plus loin, leurs ennemis châtiés.

Au septième sceau brisé, on donne sept trompettes à des anges.

Les sept trompettes de l'Apocalypse (Chapitres 8.6 à 11)

C'est un peu comme les sept sceaux, les anges soufflent chacun son tour dans sa trompette, et cela provoque des évènements qui n'ont rien de très joyeux.

À la première, c'est une pluie de grêle, de feu et de sang, qui attaque la terre. À la seconde, c'est une grande montagne enflammée qui est jetée dans la mer, qui se change alors en sang. À la troisième, c'est une météorite qui tombe du ciel dans les fleuves et les sources d'eau, qui en deviennent impropres à la consommation. La quatrième fait perdre de la clarté au soleil, à la lune et aux étoiles.

Viennent ensuite des malheurs destinés en particulier à l'humanité, mais tout cela pour son bien, rassurez-vous !

La cinquième trompette provoque l'arrivée en nombre de sauterelles mutantes, à visage d'homme, dents de lions, et surtout des queues de scorpion. Leur seul but dans la vie est de torturer les hommes (sauf les 144 000 marqués au paragraphe précédent) pendant cinq mois, mais sans les tuer. La sixième trompette provoque la libération d'anges guerriers et de leurs deux cents millions de soldats sur des chevaux exhalant du feu, de la fumée et du soufre. Le tiers de l'humanité en meurt, et ceux qui survivent ne prennent sans doute pas l'avertissement au sérieux car ils continuent à vénérer de faux dieux, à tuer et à voler.

Suit alors un chapitre complet sur un petit livre qui est donné au prophète et qu'il mange, il est même précisé que le livre a bon goût dans la bouche, mais qu'il est amer dans l'estomac.

Après ceci l'auteur apprend que la ville sainte a été donnée aux païens pendant quarante-deux mois7. Pendant cette même période, deux témoins, déguisés en mendiants et dotés de super-pouvoirs (ils crachent le feu, changent l'eau en sang et empêchent la pluie de tomber) sont envoyés pour prêcher la parole divine. Ils finissent par être mis à mort par la bête (voir plus loin), et leurs cadavres exposés dans une grande ville. Nous ignorons de quelle ville il s'agit, car Jérusalem, Sodome et Égypte sont désignées à tour de rôle. Ce dont nous sommes sûrs, c'est que ces décès déclenchent la liesse de tout le monde pendant trois jours, puis les envoyés ressuscitent et montent directement au ciel. L'opération s'accompagne d'un tremblement de terre qui tue 7000 personnes.

La septième trompette annonce l'accomplissement du plan secret de Dieu.

La bête (Chapitres 12 à 16)

Le premier signe apparaissant dans le ciel est celui d'une femme sur le point d'accoucher. Ensuite apparaît un énorme dragon rouge, qui se prépare à avaler l'enfant à naître. L'enfant est destiné à diriger toutes les nations, mais en attendant il est emmené au ciel et sa mère s'enfuit dans le désert. Le dragon est combattu par des anges, menés par Michel, qui gagnent et le jettent sur terre. Voilà qui sent mauvais pour les survivants des catastrophes précédentes, car le dragon n'est autre que le diable ou Satan, et s'il est vaincu, il n'est pas mort. Son premier acte est de chercher la basse vengeance en tuant la femme, mais celle-ci trouve toujours le moyen de s'en sortir.

Dépité, il attend au bord de la mer, d'où surgit une bête, dont une tête a l'air d'avoir été mortellement blessée puis guérie. Le dragon lui confie son pouvoir, et tout le monde se met à adorer le dragon et la bête. Fort puissante, la bête insulte Dieu et combat les croyants (qui doivent se préparer à cette épreuve). Une seconde bête sort alors de la terre, munie de cornes semblables à celles d'un agneau (donc au Christ) et parlant comme un dragon (donc Satan). Il s'agit d'un faux prophète capable d'accomplir des miracles. Elle oblige les hommes à adorer la première bête, en en créant des images et en les faisant s'animer. Avec ceci, elle force tout le monde à recevoir comme marque sur la main droite et sur le front son nom ou bien le chiffre y correspondant. Si nous n'avons pas le nom, nous savons que le nombre est 666. Vous l'aviez deviné je parie ! Il est promis (un peu plus loin) à ceux qui ont reçu la marque des tourments éternels.

On revient entre-temps aux 144 000, ils chantent un cantique que personne d'autre ne peut apprendre.

Après ce paragraphe, on voit des anges moissonner, vendanger, et les gens qui ont résisté à la bête enfin heureux. En effet, le dernier signe de la colère de Dieu arrive, il s'agit de sept anges tenant chacun une coupe qui provoque un fléau quand son contenu est versé à terre. C'est reparti comme pour les sceaux et les trompettes, on a tour à tour la lèpre, la mer qui se change en sang, l'eau douce qui fait de même, le soleil qui brûle8, l'obscurité, puis l'Euphrate9 qui se dessèche. Le dragon, la bête et le faux prophète envoient des esprits pour rassembler les rois en un lieu nommé Harmaguédon, afin qu'ils se préparent à la bataille finale. Enfin,la septième coupe provoque un fort tremblement de terre qui fait disparaître les îles, les montagnes, et s'écrouler toutes les villes, en particulier Babylone. Enfin, il se met à tomber des grêlons de quarante kilos.

La chute de Babylone (Chapitres 17 et 18)

L'auteur fait un zoom sur un élément, la punition de « la grande prostituée ». En effet, ce que Jean voit est une femme, couverte de richesses, enivrée du sang des chrétiens, assise sur une bête à sept têtes et dix cornes. Un ange explique la signification de cette vision. La bête était morte, mais elle est revenue. Les sept têtes sont sept collines, et la femme une grande ville assise dessus10. Mais elles sont aussi sept rois, cinq passés et un futur. Les dix cornes sont dix rois qui mettront leur pouvoir au service de la bête, et ils haïront la prostituée.

Un autre ange se pointe pour crier que Babylone est tombée. Le peuple de Dieu doit en sortir, car elle est condamnée à cause de son luxe, son pouvoir et sa dépravation. Parce qu'elle se croit indestructible, tous les fléaux vont la frapper en un seul jour : maladie mortelle, le deuil, la famine et le feu. Les rois se lamentent en voyant qu'en une heure une ville si puissante peut être livrée aux flammes. Les marchands pleurent aussi, ils vont y perdre beaucoup d'argent à cause de la perte de débouchés commerciaux et de l'effondrement des cours. Il en va de même pour les marins qui gagnent leur pain grâce au transport de marchandises.

Finalement, quand un ange explique qu'on n'y entendra plus de musique ni les bruits du travail des artisans, ni les voix des jeunes mariés, on croirait y déceler une pointe de nostalgie. Même si c'est pour conclure que c'est bien fait pour elle, car ses marchands étaient les plus puissants du monde, sa magie trompeuse et elle a tué des prophètes.

L'avènement des temps meilleurs (Chapitres 19 à la fin)


Une dizaine de versets suivent la destruction de Babylone pour expliquer à quel point en fait c'est cool et que la vie est belle. Puis arrive le combat final, les armées du bien menées par un combattant sur un cheval blanc, contre les armées du mal. Les gentils gagnent, la bête et le faux prophète sont jetés dans un lac de feu. Le dragon, quant à lui, est enchaîné pour mille ans. Les chrétiens tués à cause de leur foi tout comme ceux qui ont refusé la marque de la bête sont ressuscités pour vivre ces mille ans peinards. A la fin de ces heureuses années, Satan se libère et s'en va tromper le monde, en particulier Gog et Magog (les dernières nations ennemies du peuple de Dieu). Et on fait une réédition du combat final, ils arrivent à la ville du peuple de Dieu, ils l'encerclent, et Dieu envoie le feu du ciel pour les détruire, et il se décide à jeter le diable dans le lac de feu.

C'est maintenant l'heure du jugement dernier : tous les morts sont jugés d'après leurs actes, et les méchants finissent dans un lac de feu. Les autres ont le droit de vivre dans une nouvelle Jérusalem, sur une nouvelle terre, et Dieu demeurera avec eux. L'annonce de la fin des temps reste donc avant tout une promesse d'un avenir heureux donné aux chrétiens11 s'ils tiennent bon, et d'une justice finale.

Depuis le début du récit, Jean est accompagné par un ange qui lui montre tout, et pour finir, celui-ci demande à Jean de retranscrire tout ce qu'il a vu car les temps sont proches12. En guise de conclusion, Jean menace des fléaux décrits au-dessus quiconque modifierait quoi que ce soit à son livre.


Lire la fin

Yoda

1 - C'est quoi ces chiffres en début de paragraphe ?
Ayant prévu que grâce à mon résumé (ou malgré lui), vous avez une envie pressante de plonger dans une Bible pour en savoir plus, j'ai daigné placer des petits repères pour que vous puissiez suivre en parallèle à l'article.
Prenez votre Bible par la fin, sautez les pages des remerciements, des définitions ou des explications historiques et rendez-vous au livre de l'Apocalypse. Vous verrez alors sous vos yeux ébahis des petits chiffres au début des phrases. Il s'agit des numéros de versets, un truc bien pratique pour s'y retrouver malgré les diverses éditions. En remontant les versets, vous allez arriver devant le premier à un chiffre en gros et/ou en gras : c'est le numéro du chapitre. En effet, se contenter des versets, cela n'aurait pas été très pratique, quand le numéro arrive à un nombre à cinq chiffres, cela peut gêner la lisibilité. La Bible est donc divisée en livres, chapitres et versets. Quand vous avez à côté d'un paragraphe (Chapitres n.x à m.y), cela signifie tout simplement que le paragraphe relate les évènements se déroulant entre le chapitre n verset x au chapitre m verset y. Et si aucun numéro de verset n'est indiqué, c'est que le chapitre entier est concerné.
Quant au livre, si vous n'aviez pas compris qu'il s'agit de celui de l'Apocalypse, n'hésitez pas à m'envoyer un courrier d'insultes.

2 - On peut toutefois imaginer que des textes prophétiques concernant des églises historiques et du futur aient été  rédigés puis camouflés, dans un scénario à la Da Vinci Code. Le complot de l'Église est un thème classique, mais qui mérite à mon avis un traitement humoristique dans lequel on ne s'épargne aucun cliché (et n'oubliez pas de mettre des Templiers !).

3 - Le tétramorphe
Dans la tradition chrétienne, l'évangéliste Marc est symbolisé par un lion, Luc par un taureau, Matthieu par un homme et Jean par un aigle. Vous les verrez dans de nombreuses églises ainsi représentés, en général avec des ailes et tenant un livre (l'évangile qu'ils ont écrit). Photo Ralph Hammann sous licence Creative Commons 

4 - Cela peut sembler complètement barré de représenter le messie par un animal, qui plus est semblant s'être évadée de la zone de Tchernobyl. Cependant, il est possible que la vision que Jean a eu (ou qu'il décrit) ait été celle d'un être humain, et que cette histoire d'agneau mutant n'est pas ce qu'il a vu ou prétend avoir vu, mais un message codé. De la même façon que quelqu'un qui raconte avoir été arrêté par les poulets ne prétend pas avoir vu des volatiles à la place des policiers. 

5 - Les quatre cavaliers de l'Apocalypse
Ils sont libérés tour à tour par les quatre premiers sceaux.
Le premier a un cheval blanc et il tient un arc, on lui donne en plus une couronne, ainsi que le pouvoir de conquérir. Il est en général interprété comme l'antéchrist (notez que ce mot est complètement absent de l'Apocalypse).
Le second monte un cheval rouge, on lui confie une épée et le pouvoir de répandre la guerre.
Le troisième est sur une monture noire et tient une balance, il symbolise la famine, peut-être aussi les échanges injustes.
Le dernier monte un cheval verdâtre, et il est directement nommé la Mort. Il obtient de pouvoir tuer le quart des hommes par l'épée, la famine, la maladie ou les bêtes sauvages.

6 -  Tribu d'Israël : dans la Genèse, Jacob, petit-fils d'Abraham et ancêtre de tous les Juifs, est père de douze enfants. La descendance de chacun d'eux formera les douze tribus d'Israël, entité religieuse et politique.

7 - Le texte parle tantôt de quarante-deux mois, tantôt de 1260 jours, pour la période pendant laquelle prêchent les deux témoins. Or, cette durée correspond à des mois de trente jours en moyenne, ce qui est légèrement trop long par rapport au calendrier juif, qui comprend des mois de vingt-neuf et trente jours, et trop court par rapport au calendrier romain (le nôtre). Bien entendu, il pourrait s'agir d'une approximation de l'auteur. Ou bien peut-être que cette erreur subtile accessible au seul érudit peut fournir une piste intéressante pour une interprétation à la convenance du MJ. En plus, ça change de l'incontournable 666...

8 - Vous avez vu ça ?
Parmi les fléaux, le soleil qui se met à brûler, tout comme la grêle, font étrangement penser à des spots de Greenpeace avant l'heure. Il est douteux de penser que Saint Jean considérait que la pollution serait un des péchés majeurs de l'humanité future, mais quelle importance ? Nous pouvons l'interpréter comme la destruction de la couche d'ozone et le dérèglement climatique. D'autant plus qu'à l'instar de ces humains de l'Apocalypse, nous ne nous repentons guère...
Et après ce paragraphe écologiste, Saint Jean vire carrément à l'anti-capitalisme. En effet, la chute de Babylone décrit la fin d'une ville puissante, riche et où le commerce règne en maître. Le passage sur les marchands fait penser à la chute inévitable des cours de la bourse suite à la destruction d'une ville d'affaires, et à la crise économique qui s'ensuit. D'ailleurs, le chapitre 18 peut être relu comme symbole des attentats du 11 septembre 2001.
Tout cela pour dire que malgré les presque 2000 ans du texte, une interprétation très moderne peut en être faite.

9 -  Euphrate : fleuve du Moyen-Orient, prenant sa source en Turquie et traversant l'Irak.

10 - Babylone, vraiment ?
Au premier siècle, Babylone n'est plus la puissance qu'elle a été. Alors pourquoi s'en prendre à cette ville ? Babylone peut être vue comme une référence historique, son rapport avec le peuple hébreux n'ayant pas toujours été des plus courtois. Mais il est possible que Jean nomme une ville tout en pensant à une autre : la puissance de son siècle, c'est Rome, plus connue que Babylone pour être située sur sept collines. Par ailleurs, elle n'a donné nulle raison aux Hébreux, juifs ou chrétiens, de l'apprécier.
L'interprétation n'est peut-être pas si terre-à-terre : en prenant des éléments de plusieurs villes, Jean voulait peut-être signifier qu'il parlait de toute puissance politique, économique et militaire. À chaque époque, donc, sa Babylone. 

11 - À condition tout de même qu'ils soient un peu psychopathes. Nous parlons bien d'une époque à laquelle les jeux du cirque et exécutions publiques étaient des loisirs, mais les chrétiens ont comme commandement essentiel d'aimer leurs ennemis. Du coup, le message d'espoir, c'est quand même "Des êtres aimés vont souffrir".

12 -  Et l'armageddon ? Et l'antéchrist ?
Il est sans doute décevant de constater que de ces deux célébrités du livre de l'Apocalypse, une seule est citée, et encore une seule fois.
Harmaguédon est un terme issu de l'hébreux et désigne un simple lieu, une colline plus précisément. De la même façon que le sens premier du mot apocalypse a changé pour signifier « fin douloureuse d'un monde » à nos oreilles contemporaines, armageddon a subit une déformation encore pire, tant ce mot a été repris pour signifier une fin des temps violente, ou parfois des batailles de grande ampleur.

L'antéchrist, quant à lui, n'est jamais nommé. Cependant, il peut être vu comme le faux prophète, qui forme avec le dragon (Satan) et la bête une trinité maléfique. En effet, ce faux prophète, capable d'accomplir des miracles, et parlant au nom de la bête et poussant à la vénérer, joue un rôle assez semblable à celui du Christ pour les forces du mal. Beaucoup d'autres interprétations sont possibles.

mercredi 18 juillet 2012

L'Apocalypse pour les nuls - présentation


L'Apocalypse, tout le monde en a entendu parler : dans un film ésotérique où un héros bodybuildé sauve encore les USA, par un témoin de Jéhovah sur le pas de sa porte, ou simplement en visitant le château d'Angers. Tout le monde sait que ça parle de la fin du monde, que c'est écrit dans la Bible et qu'il y a une histoire d'Antéchrist et de nombre 666 dedans. Mais si on veut écrire un superbe scénario de Monde des ténèbres mettant en scène une secte sataniste, on s'aperçoit bien vite que cela ne suffit pas. Révisons donc nos classiques.
Le mot apocalypse est issu du grec et signifie « levée du voile » ou « révélation ». Il est nécessaire de le rappeler ici, car la plupart des gens assimilent l'apocalypse à une fin du monde qu'il faudrait éviter à tout prix, alors qu'il s'agit d'un message d'espoir et d'une exhortation à tenir bon. Si les forces du mal y sont puissantes, le message final est la victoire du bien et une récompense pour les justes.

Le style apocalyptique est présent dans des livres de l'Ancien Testament1 (Daniel, Ezéchiel, Zacharie), et il existe également des apocalypses apocryphes2. Cependant, quand nous entendons parler de l'Apocalypse sans autre précision, c'est au livre de la Bible portant ce nom auquel il est fait allusion. Ce récit est attribué à un certain Saint Jean et clôture le Nouveau Testament, et donc la Bible chrétienne. La tradition chrétienne considère que l'auteur est le même Saint Jean que celui qui a écrit le quatrième Évangile, mais cette hypothèse reste controversée chez les spécialistes. Les arguments en faveur de l'une ou l'autre hypothèse reposent en particulier sur le style et les tournures de phrases.
La datation du livre est soumise à moins de controverses, car historiens et exégètes3 s'accordent sur une datation comprise entre 90 et 115. Quelques théories existent concernant une écriture plus ancienne, mais celles-ci restent marginales et défendues pour des motifs idéologiques plutôt qu'historiques.

Le récit de l'Apocalypse est particulièrement complexe : les allusions à l'Ancien Testament sont très nombreuses (514 sont relevées pour 404 versets), et en plus, il est truffé de symboles. Faire un résumé de cet texte dense est un défi (que nous relevons !), mais le résultat qui suit est forcément incomplet. Le seul moyen d'avoir tous les éléments est de consulter le texte original, disponible dans n'importe quelle Bible chrétienne. Quant à analyser ce texte, pour le comprendre dans son contexte politique et religieux, un livre complet y aurait été nécessaire. L'article qui suit ne reste qu'une brève introduction, et les éléments repris dans le résumé choisis avec la subjectivité de son auteur.

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Yoda

1 - Ancien et Nouveau Testament : les deux parties de la Bible chrétienne. L'Ancien Testament relate l'histoire du peuple juif, et ce sont des écrits reconnus également par la religion juive. Le Nouveau Testament relate la vie de Jésus Christ (les Évangiles), de ses disciples (les Actes des Apôtres), diverses lettres écrites par des disciples aux églises (les Épîtres), et l'Apocalypse.

2 - Apocryphes : textes qui ne sont pas considérés comme authentiques par les autorités religieuses.


3 - Exégète : personne qualifiée pour l'exégèse, c'est-à-dire l'étude approfondie et critique d'un texte se basant sur les diverses formes et traductions existantes.
Photo Rémi Jouan - Tenture de l'apocalypse du château d'Angers. Pensez-y la prochaine fois que vous enverrez vos PJ tuer des dragons !

mardi 10 juillet 2012

Les actions de groupe


Cet article est volontairement très théorique et n'apportera pas de solution toute faite. Il n'indiquera que les points sur lesquels réfléchir avant de résoudre une action de ce type, mais non comment faire, ce qui dépend essentiellement du système de règles.


Définition et problématique


J'entends par "action de groupe" toute action, active ou passive, dans laquelle plusieurs PJ sont impliqués, même s'ils ne s'aident pas mutuellement. Une action passive correspond à un jet de dés qui n'est pas sollicité par une action du PJ, par exemple pour apercevoir un objet par terre alors que les PJ ne cherchaient rien en particulier.

Les problèmes posés par ces jets sont assez divers. Concernant l'aide, il peut ne pas exister de règles pour la définir, ou bien celles existantes peuvent sembler trop défavorables (ou favorables) pour les joueurs. Quand tous les joueurs lancent leur dé, les probabilités d'un échec ou d'une réussite critique sont plus élevées, ce qui peut modifier la difficulté que le meneur souhaitait donner à l'action. Je ne peux pas donner de solution clé en main à ces difficultés, mais donner quelques pistes pour aider le MJ à trouver sa propre voie.

L'idée est donc de lister les paramètres à prendre en compte quand plusieurs joueurs font agir leur personnage ensemble, afin d'aider la prise de décision du meneur concernant la règle à appliquer.


Tous ensemble ?

L'un des premiers points à regarder est de savoir quels sont les personnages qui font l'action. Il existe plusieurs possibilités :
  • Un seul personnage fait l'action mais les autres personnages peuvent influencer cette action. Exemple : chercher à suivre une piste. A moins que les membres du groupe ne se séparent quand ils n'ont pas la même idée du chemin à prendre, il faut bien un "chef" sur lequel se baser et que l'on suit. Par contre ceux qui ne guident pas peuvent faire remarquer au "chef" des indices qu'il n'a pas vus. Dans ce type d'action commune, ce que fait le chef est prépondérant, un échec ou une réussite d'une aide va n'influencer qu'à la marge la réussite globale. En terme de règles, cela pourrait correspondre à un jet unique assorti de modificateurs (qui peuvent être également déterminés par un jet).
  • Tous les personnages œuvrent ensemble à une action coordonnée. Exemple : pousser un objet lourd. Le rôle de chaque personnage impliqué est d'égale importance, et l'échec de l'un peut être compensé par la réussite de l'autre. Des actions de groupe plus complexes peuvent être envisagées, dans lesquelles les membres du groupe ont une action différente, complémentaire et où la compensation n'est pas systématique. Exemple : la navigation. Un personnage tient la barre, quatre travaillent dans les voiles et le dernier observe l'eau pour éviter les bancs de sable. Ce type d'action n'est pas évident à gérer, mais une solution rapide et élégante consiste à la gérer avec un seul jet sur la moyenne (ou autre savant calcul) des caractéristiques utilisées par les individus.
  • Chaque personnage fait son action individuellement. Exemple : marcher silencieusement. Il s'agit d'une action de groupe, car si un personnage échoue, le groupe entier est repéré. Mais elle reste en même temps individuelle, car personne ne peut marcher silencieusement à la place d'un autre. Ces actions ont souvent de fortes probabilités d'échec ou de réussite car contrairement aux actions coordonnées, il n'y a pas de compensation possible. Exemple : si un personnage aperçoit l'ennemi caché dans les buissons, peu importe que tous les autres personnages aient échoué lamentablement leur test, l'ennemi est vu. En terme de règles, la solution la plus logique consisterait à effectuer tous les jets de dés, car l'influence du nombre devient très importante, éventuellement plus que les compétences des personnages du groupe. Attention tout de même, une absence de compensation ne signifie pas qu'une aide est impossible. Exemple : le groupe de PJ se cache. Un PJ peut en aider un peu discret à se dissimuler avant de se camoufler. Mais cela n'empêche pas que la réussite exceptionnelle de l'un ne compensera pas l'échec d'un autre.


Aide ? Boulet ?

Un autre facteur à prendre en compte pour résoudre une action de groupe est de voir quelle influence l'action d'un personnage peut avoir sur le dénouement. En fait, cela peut se résumer par deux possibilités :
  • le personnage qui réussit a une influence positive sur le dénouement de l'action. Exemple : les personnages tentent de résoudre une énigme, celui qui trouve un indice permettra au groupe d'avancer, mais ceux qui ne trouvent rien ne font pas ralentir le groupe. C'est pour ce cas de figure qu'il y a souvent des règles concernant l'aide.
  • le personnage qui échoue a une influence négative sur le dénouement de l'action. Exemple : les personnages tentent de raconter une histoire crédible pour expliquer leurs actes, mais l'un d'eux s'embrouille, ou ment trop mal, et tout le baratin tombe à l'eau.
Dans le premier cas, plus il y a de participants, plus l'action devrait avoir de chances de réussir, alors que dans le second cas, le nombre de participants doit être le plus faible possible.

Ces deux possibilités ne sont pas incompatibles entre elles. Un participant peut parfaitement être à la fois une aide s'il réussit et un boulet s'il échoue. Exemple : un personnage veut marchander un rabais. Un autre personnage décide de lui donner un coup de main. Il peut effectivement l'aider en lui donnant quelques bons arguments, mais également lui faire perdre un effet en se faisant mal voir du marchand. Dans ce cas, il convient de bien choisir ses co-équipiers ! 


Dans la vraie vie...

Je vous aurais bien fait un tableau récapitulatif, avec à chaque croisement entre la façon dont l'action est commune et le type d'influence des autres PJ, une façon de la résoudre, mais j'avais promis au début de l'article de ne pas faire de technique. C'est avant tout à vous de faire ce tableau en prenant compte des règles avec lesquelles vous jouez, ou d'ailleurs de vous simplifier la vie et de ne pas prendre en compte toutes ces nuances.

La résolution d'une action de groupe ne dépend en effet pas seulement du type d'action à effectuer. Elle dépend également grandement de l'ambiance que le meneur souhaite insuffler à sa table, de sa volonté de voir le groupe soudé, des envies des joueurs de lancer les dés, etc. Par exemple, demander à tout le monde de faire un jet de discrétion pour une action d'infiltration poussera les joueurs à ne laisser qu'un minimum de personnes s'y rendre. Ce serait un choix stratégique réaliste, mais s'il s'agit d'un one-shot et que le final s'y déroule, ce ne serait pas un choix très heureux.


Yoda

Merci aux joyeux rôlistes qui ont participé à la discussion sur forum dont cet article est en quelque sorte le résumé : docseb, Danilo et Corren. Vous trouverez quelques suggestions techniques sur cette discussion, ainsi que dans l'article du sden qui en a été l'inspiration.

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